Attitude et Comportement en psychologie sociale

Table des matières

L’attitude devrait prédire le comportement

Individu : harmonie entre ses comportements à besoin de consistance.

Le concept repose sur l’existence étroite entre l’attitude des individus et leurs comportements. Cette relation repose sur l’idée que l’individu établit un univers de consistance. Comme l’individu est cohérent il émettrait des attitudes cohérentes avec son comportement.

L’individu cherche à trouver un certain accord entre ce qu’il pense et ce qu’il fait : lien avec comportement de vote.

C’est sur l’idée de consistance que reposent les sondages d’opinion avant les élections présidentielles.

Pourcentage de vote de GALLUP prédisait l’élection de Roosevelt en 1936 et de Reagan en 1984.

Merton, en 1949 : fait une typologie d’individu. Il va faire la différence entre les préjugés et discriminations.

Préjugé : attitude négative à l’égard d’un groupe minoritaire (homosexuels).

Discrimination : comportement hostile à l’égard de ce groupe minoritaire.

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Pour Merton on peut avoir des individus sans préjugés et qui ne font pas de discriminations : attitude permet de prédire le comportement, cohérence interne, consistance.
On peut avoir des individus qui ont des préjugés et qui font des discriminations : cohérence interne, consistance.
On peut aussi avoir des individus qui ont des préjugés et qui ne font pas de discriminations : manque de consistance, incohérence.
On peut aussi avoir des individus qui n’ont pas de préjugés mais qui pourtant font des discriminations : incohérence, pas de consistance.

Etude de LaPiere 1934 : étude réalisée en 2 temps dans un contexte précis. En 1934 aux USA il y a une attitude très négative, racisme à l’égard de la communauté chinoise car elle vient de s’installer récemment aux USA.

Phase 1 : LaPiere va traverser le pays avec un couple chinois. Il va s’arrêter dans 67 hôtels et 84 restaurants. Il observe qu’un seul établissement refuse l’accès à ce couple de chinoise. 0,04% de refus.
Phase 2 : 6 mois plus tard. Il va envoyer à chaque établissement une lettre dans laquelle il demande s’il peut utiliser les services de l’établissement avec un couple de chinois. Ce qui intéresse LaPiere c’est le pourcentage d’individus qui refuse l’accès à leur établissement. 92% de refus.

Résultat : dans la phase 2 les restaurateurs ont montré une certaine consistance entre l’attitude et le comportement. En revanche en phase 1 on observe une absence de lien entre l’attitude négative à l’égard de la communauté chinoise et le comportement.

Masson-Maret, 1990 : elle va s’intéresser à l’image que les jeunes ont du préservatif et leur utilisateur.

Son enquête montre que l’utilisateur est présenté comme une personne responsable, prévoyante, qui prend plaisir à la vie moderne mais qui est méfiant. Il est vu d’une façon positive.

Alors que le non-utilisateur est vu comme une personne irresponsable, inconsciente, imprudente et mal informée.

Résultat : lorsqu’on demande aux jeunes s’ils utilisent les préservatifs, on observe que ce n’est pas parce qu’ils ont une vision positive des utilisateurs qu’ils utilisent le préservatif à fossé.

Bickman, 1972 : mesure l’attitude des individus à l’égard du ramassage de papiers qui traînent par terre. 94% des participants ont une attitude positive à l’égard du ramassage de papiers. Il ramène ensuite les participants dans le hall ou traîne un papier.

Il s’intéresse au pourcentage de personnes qui vont ramasser le papier : seul 2% ramassent le papier par terre. Absence de lien entre attitude des individus et leurs comportements effectifs.

Wicker, 1969 : il observe que l’attitude des étudiants à l’égard de la tricherie n’est pas cohérente à leur comportement lors des partiels.

Résultats : attitude négative à l’égard de la tricherie mais continue cette tâche, absence de lien entre attitude et comportement.

Pourquoi un faible lien entre attitude et comportement ?

Plusieurs explications :

L’effet des contraintes extérieures :

Par exemple, dans le cadre du sport un individu peut avoir une attitude positive à l’égard du golf mais ne pas aller sur le terrain pour jouer.

Le délai trop long entre la mesure d’attitude et le comportement :

Pendant ce délai un certain nombre de choses peut se produire.

Newcomb, Turner et Converse, 1970, le contexte :

Si on n’observe pas de lien entre attitude et comportement, ce résultat est loin d’être surprenant. Un comportement est un produit de l’attitude et du contexte dans lequel l’individu se trouve. Ce contexte peut faire dériver le comportement. Par ailleurs les attitudes relatives à une situation sont souvent multiples.

Le comportement est certes fonction de l’attitude de l’individu mais est à rapporter à la situation dans laquelle l’individu se trouve : le contexte peut faire dériver le comportement. Les attitudes ne sont pas les seules à déterminer le comportement.

Les attitudes relatives à une situation sont souvent multiples : le comportement n’est pas fonction d’une attitude mais de plusieurs attitudes. Ces attitudes peuvent être en concurrence ce qui peut donner des comportements aberrants.

Quand et sous quelles conditions les attitudes permettent-elles de prédire les comportements ?

Fishbein et Ajzen : critiques méthodologiques. Si on n’observe pas le lien entre attitude et comportement c’est parce que les études contiennent certains problèmes méthodologiques et si on répond à ces problèmes alors le lien devrait être observé.

3 principes :

Principe comportemental (Fishbein & Ajzen 1974) :

L’attitude est classiquement mesurée par mesures verbales par une échelle unidimensionnelle.

Echelle envers l’église de Thurstone et Chave en 1929, réponse en 7 points (1 « pas du tout » à 7 « totalement d’accord ») :

« Je respecte les croyances des membres de n’importe quelle église, même si je crois qu’il s’agit de sottises. »
« Je pense que l’église est un parasite de la société. »

Echelle envers les noirs de Thurstone et Chave en 1929 :

« Les tribunaux traitent les noirs bien plus injustement que ne l’exigent les différences entre les races ».
« Les noirs et les blancs sont naturellement égaux ».
« Le noir serait parfaitement capable de s’occuper de lui-même si le blanc le laissait seul ».

A partir de leurs réponses on va pouvoir déterminer l’attitude des individus. Lorsqu’on mesure le comportement, il est toujours mesuré à partir d’une action unique alors qu’il existe plusieurs façons de se comporter à l’égard d’un objet.

Etude de Fishbein et Ajzen en 1974 :

Attitude envers la religion.
100 conduites relatives au comportement religieux.

R = 0,15. Corrélation de l’attitude avec une seule conduite.

R = 0,71. Corrélation de l’attitude avec l’indice composite (ensemble des 100 conduites).

Principe de correspondance (Fishbein, 1977) :

Une attitude mesurée à un niveau général ne permet pas de prédire le comportement spécifique : une attitude spécifique ne prédit pas un comportement général.

Ils vont utiliser des marqueurs :

L’action : prendre quelque chose.
L’action-cible : prendre la pilule.
Contexte dans lequel l’action cible est réalisée : prendre la pilule pendant les vacances.
Le moment auquel l’action apparaît : prendre la pilule pendant les vacances tous les soirs.

Il faut mesurer l’attitude et le comportement au même niveau de spécificité.

Principe du comportement prototypique :

Certains objets déclenchent chez nous des réactions plus rapides que d’autres objets : attitudinale. C’est parce que ces objets sont représentatifs d’une classe d’objet, ils sont l’élément exemplaire, ils sont des prototypes.

Lord, Lepper et Mackie en 1984 vont montrer que le principe de comportement prototypique doit être respecté pour observer le lien entre attitude et comportement.

Mesure de l’attitude envers les homosexuels : dans une condition il y a une cible qui fait partie du groupe homosexuel et pour l’autre moitié des participants ils ne peuvent pas reconnaitre la cible comme appartenant au groupe homosexuel.

On mesure le comportement discriminatoire à l’égard de la cible.

Résultats : participants qui n’ont pas une attitude hostile à l’égard des homosexuels ne font pas de discriminations quel que soit la cible. En revanche les individus qui avaient une attitude négative envers les homosexuels vont faire de la discrimination uniquement dans la condition cible prototypique.

Cette attitude permet de comprendre les résultats de LaPiere : le couple ne correspondait peut-être pas à la classe d’objet chinois.

Si ces 3 principes sont respectés il y a bien un lien entre attitude et comportement.

Les principaux modèles de la prédiction comportementale

Modèle de l’action raisonnée (Ajzen et Fishbein en 1977) :

Modèle qu’on utilise entre autres pour prédire le comportement de santé. Ces auteurs disent que le lien entre attitude et comportement n’est pas direct. Ce lien va passer par un autre élément à savoir l’intention comportementale. Si cette intention est forte dans la situation alors l’individu émettra le comportement attendu.

Intention comportementale : volonté et intensité pour réaliser les actions requises afin d’atteindre les buts.

Dans ce modèle elle est considérée comme le déterminant immédiat du comportement. Elle doit être forte pour qu’on observe le comportement.

Elle est déterminée par 2 éléments importants :

L’attitude.
Les pressions sociales.

Dans ce modèle l’attitude correspond à l’évaluation favorable ou défavorable de l’objet.

Cette attitude dépend de 2 éléments :

Les croyances à propos des conséquences de mon acte : croyances comportementales et évaluation des conséquences.
Valeur accordée aux résultats attendus.

Les pressions sociales correspondent :

Aux croyances normatives (ce que les croyances ont les autres par rapport à ce que je devrais faire).
À la motivation à se soumettre aux désirs des autres.