La mémoire en psychologie cognitive

Rappels sur la psychologie cognitive

Cognition : Ensemble des processus mentaux qui se rapportent à la fonction de connaissance.

La psychologie cognitive étudie la manière dont fonctionne l’esprit, avec une approche expérimentale. Le psychologue cognitiviste va :

  • Proposer une tâche à des participants
  • Manipuler certaines caractéristiques de la tâche
  • Observer et mesurer les conséquences de la manipulation sur les comportements des participants
  • Conclure sur les processus mentaux mis en œuvre

Structure et organisation de la mémoire

Un des premiers modèles de la mémoire proposé était celui d’Atkison & Shiffrin (1968). Il proposait qu’il existe 3 systèmes de mémoire :

  • Une mémoire sensorielle
  • Une mémoire à court terme
  • Une mémoire à long terme

Il est important de comprendre que selon eux la mémoire passe par la mémoire sensorielle, puis par la mémoire à court terme, pour finalement faire des « aller-retours » entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.

1.      La mémoire sensorielle

Fonction : Maintenir de façon brève une information précise et complète, captée par un système sensoriel. (Expérience de Sperling (1960) : retenir des tableaux de lettres)

La mémoire sensorielle va donc capter des informations mais sur un temps trop court pour que l’on puisse s’en rappeler.

Selon Atkinson et Shiffrin, il existerait une mémoire à « très court terme » pour chaque sens :

  • Information visuelle = mémoire iconique (stockage de 0,5 sec)
  • Information auditive = mémoire échoïque (stockage de 2 à 4 sec)

La différence de durée de stockage est due au phénomène de la répétition inutile.

  • Information sensorielle : mémoire haptique (tactile)

2. La mémoire à court terme

Fonction : Retenir de manière active et disponible une quantité limitée d’informations, pendant un temps relativement court (de 20 à 30 sec).

Notion de l’empan de mémoire (ou empan mnésique) :

Nombre d’informations que va pouvoir stocker la mémoire à court terme. Il est différent selon les personnes. Pour mesurer l’empan on doit effectuer une tâche de rappel sériel immédiat :

  • On présente au sujet des items (chiffres ou lettres) les uns après les autres
  • A la fin de la série, il doit se rappeler des items dans l’ordre
  • On augmente le nombre d’items au fil des essais
  • Empan mnésique = nombre d’items retenus dans l’ordre le plus élevé

La capacité de la MCT (Mémoire à court terme) est de 5 à 9 items (7 + ou – 2), mais cette capacité se définit aussi en fonction des groupes d’éléments, appelés les « chunks ».

Chaque chunks renvoyant à quelque chose dans notre mémoire à long terme, compte pour 1 item (alors qu’il peut être composé de 3 items) (Exemple : BMW).

En gros, la capacité d’empan mnésique ne se définit pas que par rapport au nombre d’éléments, mais aussi par rapport à leur signification.

Donc l’empan mnésique ne dépend pas que de la mémoire à court terme, mais aussi de la mémoire à long terme (d’où les « aller-retours » d’Atkinson & Shiffrin).

Important : De nos jours on parle davantage de « Mémoire de travail » plutôt que de MCT.

MdT (Mémoire de Travail) : Système de capacité limitée, responsable du stockage temporaire et de la manipulation des informations nécessaires à des tâches complexes.

MCT : Stockage

MdT : Stockage + Traitement

(La mémoire à long terme étant un gros morceau, elle sera traitée dans le CM suivant avec une partie dédiée aux types de MLT).

MCT vs. MLT

L’idée selon laquelle il existerait une MCT et une MLT est assez ancienne.

Ce sont des arguments de neuropsychologie clinique qui ont permis d’affirmer l’existence de ces 2 types de mémoires. C’est cette discipline qui a permis de comprendre l’ensemble des fonctions cognitives.

Neuropsychologie clinique : Étude des conséquences des lésions cérébrales (accident, maladie, vieillissement) sur le fonctionnement cognitif.

Simple et double dissociation

On parle de simple dissociation si une lésion cérébrale donnée affecte un comportement A et ne perturbe pas le comportement B.

On parle de double dissociation si une lésion cérébrale donnée affecte un comportement B mais pas le comportement A.

C’est grâce à cela que l’on peut déterminer de quelle région du cerveau dépend une fonction donnée.

Le syndrome amnésique

  • Des troubles massifs de la MLT (oubli à mesure, après environ 20 sec)
  • QI normal
  • Langage normal
  • MCT (et MDT) préservée

Il existe 2 tableaux cliniques différents pour les patients amnésiques :

Amnésie hippocampique (Scoville & Milner, patient HM) :

L’amnésie est globale et « pure », et les troubles sont concentrés uniquement sur la MLT.

Ces patients ne présentent pas de fabulation (parler d’évènements qui n’ont jamais eu lieu), de fausses reconnaissances (affirme connaître quelque chose alors que non), ou de symptômes frontaux.

Patients désorientés sur le plan spatio-temporel (ne savent plus pourquoi ils se retrouvent à tel ou tel endroit). Amnésie rétrograde : s’étend de la lésion jusqu’à 2 ans avant.

Lorsqu’on est amnésique, on ne parvient pas à enregistrer les nouvelles informations.

Causes :

  • Cause chirurgicale (de nos jours, on n’enlève qu’un seul hippocampe si nécessaire)
  • Anoxie (manque d’oxygène du cerveau)
  • Intoxication au monoxyde de carbone
  • Traumatisme crânien

Amnésie diencéphalique (syndrome de Korsakoff)

Amnésie antérograde massive, mais les patients peuvent quand même enregistrer quelques informations. Désorientation spatio-temporelle (comme tout à l’heure).

Amnésie rétrograde constantes (de plusieurs mois à une décennie) suivant la loi de Ribot (les souvenirs les plus récents partent en premier et vice-versa).

Patients non conscients de leurs problèmes + capacités intellectuelles conservées.

Symptômes frontaux (désinhibition, agressivité, apathie, …) + fabulations et fausses reconnaissances.

Causes :

  • Alcoolisme
  • Carence en vitamine B1

C’est donc grâce à tous ces symptômes et études de patients que l’on a pu conclure qu’il y a bien une MCT et une MLT.

MLT : Système de stockage avec capacité quasiment illimité en termes de durée et de nombre de stockage.

Types de MLT

  • Déclaratif vs. Procédural
  • Explicite vs. Implicite
  • Sémantique vs. Episodique

Mémoire déclarative :

  • Tout ce qui permet de verbaliser
  • C’est le fait de « savoir que … » (2+2=4, le ciel est bleu, …)

Mémoire procédurale :

  • C’est ce qui concerne les habiletés
  • C’est le « savoir comment … » (savoir conduire, faire du vélo, …)

Les différentes tâches procédurales :

  • Tâche perceptivo-motrices (ex : dessin en miroir)
  • Tâche perceptivo-verbales (ex : lecture en miroir)

Les différentes tâches procédurales

Les tâches cognitives :

  • Tour de Hanoi : Met en œuvre des capacités de résolution de problèmes, mais peut être utilisée pour évaluer l’acquisition d’une tâche quand on répète et automatise cette tâche. On doit passer tous les anneaux à droites en respectant des règles précises. Plus on s’entraîne plus on est rapide.
  • Manipulation d’un matériel complexe (comme un ordinateur)

Mémoire déclarative Vs. Procédurale

La preuve de cette distinction a été vérifiée par suite des travaux en neuropsychologie, notamment grâce à l’étude du patient HM, ainsi que grâce à l’étude de la démence de Huntington.

Patient HM :

  • Incapable d’apprendre de nouvelles informations verbales (mémoire déclarative)
  • Milner le test avec la tâche du dessin en miroir (mémoire procédurale)
  • Montre une performance similaire sur cette tâche que pour un sujet sain

En gros, le fait que le patient HM ne parvienne pas à apprendre des informations verbales mais qu’il arrive à progresser sur la tâche du dessin en miroir avec l’entrainement (bien qu’il ne se rappelât pas s’être entrainé sur cette tâche) montre une dissociation simple.

MAIS malgré la véritable révolution que ce cas à été, cela n’est pas suffisant pour prouver qu’il s’agit de 2 mémoires différentes.

Démence de Huntington :

  • Maladie neurodégénérative (dégénérescence des neurones au fil du temps)
  • Touche les neurones impliqués dans les mouvements
  • Difficulté de l’apprentissage impliquant la mémoire procédurale
  • Pas de problème pour reconnaitre des mots appris (mémoire déclarative)

Cela montre une double dissociation déclarative / procédurale

De plus, les IRM ont permis de montrer que les tâches déclaratives nécessitent l’action des hippocampes, tandis que les tâches procédurales font intervenir des zones du cerveau différentes (et notamment celles abimée avec la démence de Huntington).

C’est l’études des cas + l’étude de l’imagerie cérébrale qui a permis de conclure que ces 2 types de mémoire étaient différentes

Mémoire sémantique Vs. épisodique

Endel Tulving (grand nom dans l’étude de la mémoire), propose en 1972 qu’il existe 2 types de mémoire dans la mémoire à long terme (MLT) : sémantique et épisodique.

Mémoire sémantique :

  • Langage et connaissances générales sur le monde
  • Concepts (connaissances du monde qui nous entoure)

Le modèle de Collins et Quillian dit que la mémoire sémantique est organisée en nœuds et en concepts.

On parle d’« emboîtement » des concepts : une propriété existant à un niveau sera toujours présente à un niveau inférieur.

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Photo by Robina Weermeijer on Unsplash

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